Dépression post-partum : quand le papa souffre lui aussi

Post accouchement : est-ce que le papa peut faire un baby blues, la dépression post partum peut-elle le toucher ?

Il s’agit d’un phénomène assez méconnu, mais la dépression post-partum du papa est une réalité. Ce mal-être peut survenir à différents moments, parfois dès la grossesse de sa compagne ou bien à la naissance, voire plusieurs mois après la naissance.

Selon une étude menée par Santé publique France en 2021, 17 % des femmes seraient touchées par la dépression post-partum. Selon plusieurs sources, et notamment une étude Opinion Way réalisée également en 2021, on retrouve un chiffre assez similaire chez les hommes, qui seraient environ 18 % à avoir vécu un baby blues.

Dans cette même étude, 23 % des femmes interrogées ont déclaré s’être senties déprimées après la naissance de leur enfant et 7 %, auraient reçu un diagnostic de dépression post-partum.

 Définition : Qu'est-ce que la dépression, ou déprime, du post-partum chez le père ?

La dépression du post-partum chez le père, comme chez la mère, est un épisode dépressif sérieux. Il survient après la naissance. Il s’agit d’un phénomène plus fréquent qu’il y paraît, même si le sujet de la dépression post-partum est encore assez tabou.

Chez la mère, il apparaît généralement dans les premiers jours ou les premières semaines après la naissance.

La dépression post-partum du papa, quant à elle, démarre souvent plus tard dans la première année de bébé. On observe un pic entre 3 et 6 mois après l’arrivée de bébé. Mais elle peut parfois se déclencher plus tôt, et même durant la grossesse.

Les causes de la dépression post-partum, côté papa

La dépression post-partum survient généralement après la naissance de bébé ou plus tard au cours de sa première année. Mais il arrive que certains hommes commencent à ressentir des symptômes dépressifs dès la grossesse de leur compagne.

Les causes de la dépression post-partum chez le papa sont multiples :

• un épuisement et une fatigue accumulés suite à la naissance de bébé,
• des antécédents de dépression,
• une difficulté pour lepapa à trouver sa place entre la mère et l’enfant,
• la mère peut elle-même être atteinte de dépression post-partum,
• il se sent exclu de la relation mère-enfant depuis la grossesse,
• il subit la pression de son entourage ou de la société à l'idée de devenir père de famille, généralement synonyme de grandes responsabilités,
• des difficultés à concilier vie de papa et travail,
• il ne se sent pas prêt à prendre soin d’un bébé,
• des problèmes rencontrés au sein du couple,
• l’enfant est né suite à une grossesse non désirée, de la part du père ou des deux parents.
• un épuisement psychologique,
• de l’irritabilité,
• une tendance à l’isolement,
• des pleurs fréquents,
• de l’anxiété,
• une perte ou une prise de poids conséquente,
• une difficulté à créer un lien avec son enfant,
• un sentiment de culpabilité,
• des excès de colère ou de violence envers le bébé ou la maman.

Quand le papa va mal : reconnaître quels symptômes de la dépression post-partum chez le papa

Les symptômes de la dépression post-partum paternelle sont pour la majorité identiques à ceux vécus par la mère. Ils restent néanmoins difficiles à déceler et la dépression survient la plupart du temps avec l’accumulation de plusieurs symptômes :

En cas de gestes violents, parlez-en rapidement avec un professionnel de santé. La maman et le bébé doivent pouvoir se sentir en sécurité. Si votre colère est ingérable, il est préférable de vous isoler le temps de retrouver votre calme. Vous êtes seul avec votre enfant ? Appelez un membre de la famille, un ami ou les secours (composez le 15 ou le 112 pour un appel en France) afin qu’ils puissent prendre le relais auprès de votre bébé.

Symptômes post partum pour l'homme et durée du baby blues chez le papa

Il est important de reconnaître rapidement les symptômes dépressifs chez le papa, afin de les prendre en charge. Ces symptômes qui touchent les pères ressemblent à une dépression "classique".  Ils engendrent des pleurs, mais souvent moins importants que lors d’une dépression "classique".

Le baby blues du papa se caractérise davantage par de la colère, de l'irritabilité, une agressivité inhabituelle et une grande fatigue. La dépression post-partum du papa peut aussi provoquer :

• un retrait social ;
• des maux de tête fréquents ;
• des troubles digestifs ;
• un désintérêt pour ce qu'il aimait avant ;
• une perte de libido ;
• un sentiment d’être un mauvais père ;
• une peur panique de mal faire ;
• un surinvestissement au travail ou à l'inverse un désintérêt ;
• une consommation d’alcool plus importante.

Cette détresse peut durer des semaines, voire des mois, notamment si le papa n’est pas soutenu ou ne cherche pas d’aide extérieure. Si les symptômes persistent plus de 15 jours, il est important d’agir en consultant un médecin ou un psychologue.

Quels sont les changements de comportement possibles chez un papa après la naissance ?

Après la naissance d’un enfant, la vie bascule. Mais chez certains pères, le choc est tellement fort que des changements de comportement peuvent survenir. Ils peuvent devenir irritables et distants avec leur conjointe ou leur bébé.

Un manque de communication peut aussi s’installer dans le couple. Les papas sujets au baby blues peuvent également avoir tendance à fuir la maison ou à rester prostrés devant des écrans. Ces comportements ne traduisent pas de la mauvaise volonté, mais peuvent être le signe qu’un épisode dépressif est en train de s’installer.

Si un membre de la famille repère ces comportements, il peut aider le papa en lui conseillant de se rapprocher de son médecin traitant ou de tout autre professionnel de santé spécialisé.

La dépression post-partum chez le père : une maladie encore méconnue

Les futures mères commencent à être de plus en plus informées au sujet de la dépression post-partum lors de leurs consultations prénatales, mais rarement les futurs papas.  La grossesse étant une période principalement dédiée à la femme, l'homme se trouve délaissé et mis de côté.

De plus, les hommes ont généralement moins l’habitude d’exprimer leurs émotions et de demander de l’aide.  Ils ne pensent pas pouvoir être concernés par une dépression post-partum, qu’ils pensent, à tort, réservée aux mères.  Les pères n’osent alors rien dire sur leur mal-être et ne savent pas vers qui se tourner.

Résultat : le développement des symptômes dépressifs s'accélère et la dépression post-partum s'accentue au fil des semaines.

Une chute d'hormones chez le papa après l'accouchement ?

Contrairement aux mamans, la dépression post-partum du papa n'est pas causée par une chute d'hormones.

L’étude de Lydie Nativel (2023) montre que les causes de la dépression paternelle sont ailleurs.  Elles peuvent être psychologiques, sociales, mais pas biologiques. Les dosages hormonaux réalisés chez des pères pour soutenir cette hypothèse ne montrent aucune différence significative chez les pères déprimés après la naissance de leur enfant.

Le coupable serait plutôt l’immense bouleversement causé par l’arrivée de bébé, et notamment le stress engendré.  Le manque de sommeil, la pression financière et le sentiment d’être exclu du duo maman-bébé font également partie des facteurs de risque.

Quels sont les risques de dépression post-partum tardive pour les conjoints ?

Le danger de la dépression post-partum du papa qui survient tardivement, c’est que ça s’installe. Une dépression non soignée peut durer longtemps, bien au-delà de la première année de vie de bébé.

Elle peut également resurgir plus tard si elle n’est pas traitée. Ce qui fragilise le père, mais aussi toute la famille. Le risque est également plus grand si la maman a elle-même souffert de baby blues.

Il est donc important de surveiller les signes annonciateurs d’un baby blues, et de consulter un professionnel dès que possible.

Quelles conséquences potentielles pour bébé ?

L’impact de la dépression post-partum du papa sur le bébé est également réel. Un père en dépression va généralement entrer moins facilement en interaction avec son enfant.

Les interactions vont être de moins bonne qualité, le père va moins jouer, faire moins de câlins et apporter moins d’attention à son bébé. Il peut même montrer des signes d’hostilité, voire de rejet.

Dans certains cas, cet état dépressif peut engendrer de la négligence ou de la maltraitance involontaire. L’enfant peut alors en souffrir et développer des problèmes émotionnels ou cognitifs.

La santé mentale du papa compte autant que celle de la maman pour le développement du bébé.

Comment aider le papa dans son nouveau rôle ?

Il est important de préparer et informer davantage les deux parents à ce qui les attend suite à l’accouchement. Allaitement, sommeil du bébé, baby blues, dépression post-partum, sont autant de sujets qui sont parfois, malheureusement, trop peu évoqués au cours de la grossesse.

Entre parents, la mère peut aussi aider le père à trouver sa place en le laissant s’investir auprès de leur bébé, et ce, dès l’annonce de la grossesse. Certes, il ne fera pas tout comme elle, mais ça ne veut pas dire qu’il fait mal. Si la mère allaite, le père peut s’occuper de donner le bain ou de lire une histoire à son enfant .

Vous sentez votre conjoint distant avec vous ou votre bébé ? La communication joue un rôle majeur entre les parents. Trouvez un temps pour votre couple au cours duquel vous échangerez librement, sans aucun jugement. Écoutez ce que chacun a à dire, vos ressentis, vos émotions. Un père, comme tout nouveau parent, a parfois besoin d’être accompagné et rassuré.

Dépression post-partum : comment s’en sortir ?

Une dépression, qu’elle soit post-partum ou qu’elle survienne à tout autre moment de votre vie, est une maladie psychique qui nécessite un suivi psychologique. Seul un médecin pourra vous prescrire un traitement adapté. Dans certains cas, la prise d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques est recommandée. Il est également important de pouvoir en parler autour de vous, notamment avec votre compagne et de ne pas rester isolé.

Comment aider un papa souffrant de dépression post-partum ?

La dépression post-partum chez les pères reste encore taboue. Pourtant, elle existe. Elle peut surgir doucement, sans qu’on s’en rende compte tout de suite. Fatigue extrême, irritabilité, retrait affectif, manque d’enthousiasme face au bébé… autant de signes qui doivent alerter. Ce n’est pas « juste un coup de mou » ou un « baby blues masculin ». C’est un mal-être réel, profond, qui mérite d’être reconnu. Lui dire qu’on voit sa souffrance, sans jugement, c’est déjà un premier pas pour l’aider à sortir du silence.

Aussi, quand on aime quelqu’un, on veut forécement l’aider. Mais la façon de le faire compte autant que le geste lui-même. Plutôt que de forcer les choses, mieux vaut ouvrir des portes. Lui parler de thérapeutes spécialisés, l’encourager à consulter un médecin, lui proposer de parler à d’autres jeunes papas… Chaque homme réagit différemment, alors il faut du tact, et parfois beaucoup de patience. Le plus important, c’est de lui rappeler qu’il n’est pas faible. Qu’il a le droit d’aller mal. Et surtout, qu’il n’est pas seul.

Enfin, un papa en dépression peut se sentir dépassé, coupable, inutile. Lui offrir des moments de répit, prendre en charge certaines tâches, créer un espace où il peut juste souffler… ça change beaucoup de choses. Parfois, il suffit de réorganiser un peu le quotidien pour qu’il retrouve de l’oxygène. Et si l’on a soi-même peu d’énergie, faire appel à la famille ou aux proches peut aussi aider. Soutenir un père qui vacille, c’est une démarche de couple, de famille, mais aussi de société. Parce que le bien-être du papa, c’est aussi celui de l’enfant, et de toute la cellule familiale.